samedi 7 mai 2011

La chimère

Je ne parlerais ici ni d'un lion ailé à queue de serpent ni d'un minotaure ou d'une harpie. Le concept que je vais détailler ici va tenter de vous renvoyer à vous. Le vous représentant votre « être » ou votre « vous-même ».

Cette « chose » ne m'est évidemment pas venue à l'esprit par pur hasard, disons qu'elle s'est imposée à moi de façon plus ou moins violente. Trêve de bavardage, il faut bien commencer à un moment ou à un autre.


Je pense pouvoir affirmer que chaque individu a une vision de lui-même « idéale ». Certes, certains défauts le tracassent, mais il se réfugie dans une composition sublimée des caractéristiques qui lui ont été donné. Vous vous réveillez un matin, allez nonchalamment vers la salle de bain et faites alors face à votre visage (votre corps en partie mais c'est le visage qui nous intéresse ici). Vous constatez alors que votre bouche n'est pas aussi symétrique que vous le voudriez, une joue semble plus haute que l'autre, un œil moins vif, etc... Vous vaquez alors à vos occupations, la routine connue de tous quoi que nous en disions.

Puis vous repensez à votre physique et finalement vos cheveux n'étaient pas si mal, il était très tôt après tout et vous ne pouviez pas avoir un jugement réaliste. Vos joues et votre bouche vous plaisent et au fur et à mesure de cette routine du « physique » vous finissez par établir une image idéale, une illusion que vous vous persuadez d'être pour ne pas trop penser à l'image du miroir qui, qu'elle que soit l'heure, est obligatoirement réaliste, du moins plus que vos lubies imaginaires.

Vous devez certainement vous dire que le concept de chimère vous devient familier, vous vous identifiez plus ou moins à ce qui est évoqué dans ces quelques lignes et pensez certainement que j'utilise un nombre de « vous » bien trop grand. Enfin, je vais éviter de retomber dans mes habituels bavardages inutiles et continuer mon explication.

Si vous pensez effectivement comprendre le concept vous êtes à la fois dans le vrai et dans le faux. En même temps, il est facile pour moi de dire cela étant donné que chacune des informations nécessaires à la compréhension de cette « chose » sont bien au chaud dans mon cerveau. Je ne vous cacherai pas que, de toute façon, les informations que j'ai donnés permettent à un nombre conséquent d'individus de s'identifier et, par la même occasion, de s'approprier le concept grâce à cette fameuse « tolérance flatteuse » qui plaît tant à l'égo.

Il n'y a pour l'instant que la première phase nécessaire à la création de la chimère. C'est assez risible, d'ailleurs, de voir que les termes se rapprochent de plus en plus des créatures fantasques que j'ai nié traiter dès le début. Peut-être était-ce là une erreur, mais cela n'empêchera d'aucune manière l'énoncé.

La seconde phase consiste en un processus on ne peut plus commun à l'être humain. La tolérance à la douleur mentale en est le facteur le plus déterminant. Je parle, bien évidemment, de la dépression. Période plus ou moins longue arrivant à bon nombre d'entre nous. En fonction de la gravité de cette « maladie mentale » la vision du monde est vouée à des changements plus ou moins radicaux qui peuvent, dans certains cas, perturber gravement l'esprit qui aura été pendant de longues années bercé par les certitudes.
L'inutilité devient omniprésente, tout ce qui vous est présenté semble futile. L'extraordinaire a un goût fade et peine à vous sortir de votre torpeur. L'état d'esprit dans lequel vous êtes vous empêche de guérir, comme faisant partie des nombreux cercles vicieux de ce monde.

Vous êtes vous déjà parlé à vous-même ?

De quelque façon que ce soit. Une supposée tendance schizophrénique, une pensée inconnue qui vous paraît « étrangère », un dédoublement de la personnalité ou autre...
Un peu comme si l'être se scindait en deux, la conscience s'adressant directement au soi. Dans ce cas de figure le soi-même est un concept totalement subjectif, plus rien ne vous permet de déterminer qui de « vous » ou de votre « conscience » est le véritable propriétaire de l'être.

Cette seconde phase laisse place à l'étape finale. C'est dans ce moment de défaillance que la chimère apparaît. Vous vous souvenez de votre « idéal » ? Cette chose qui semble si belle, après tout c'est vous, et vous êtes persuadé de correspondre à la description physique imaginaire que vous lui avez donnée. La fatalité vous apparaît malgré tout, vous tombez nez à nez sur ce même « idéal » mais quelque chose ne va pas. Vous ne pouvez pas vous voir vous-même, c'est impossible. Les réflexes logiques de votre pensée se confondent et vous rendent encore plus vulnérable à cette « chose » qui vous regarde. Cette chose oui, la première pensée qui la décrivait comme humaine a presque aussitôt laissé place à la notion de monstre.
Certains trouveront que je vais un peu vite en besogne. Il manque en effet une information de taille pour définir cette fameuse chimère.

Comme pour « l'idéal », nous avons, nous, êtres humains, pour habitude d'ignorer certaines pensées qui nous déplaisent voir même certaines vérités. Nous les logeons précautionneusement dans un coin de notre crâne. Naïf que nous sommes, jamais l'idée que ces « informations » pourraient se retourner contre notre être ne nous viendrait à l'esprit. C'est là, la naïveté nécessaire à la pleine puissance de la chimère. Toutes ces choses que vous pensiez avoir oublié, ces peurs que vous tentez d'ignorer, ces craintes, ces doutes, etc...
Mais l'outil le plus violent qu'utilise cette chose contre vous est la vérité. Car, bien que vous vous en soyez persuadé, la plupart de vos moyens pour tenir lors de périodes délicates ou douloureuses sont autant de mensonges que vous vous infligez sans le savoir, que la chimère se fera un plaisir d'asséner après vous avoir travaillé au corps avec ces peurs et craintes qui sont autant d'amuse-gueules pour elle.

Je pensais honnêtement avoir besoin de plus de pages pour en parler, mais il semblerait que cela me satisfasse. Je vais finir en dressant un schéma du processus de création de la chimère. Pour que cela soit moins lassant à retenir.

Déception → réflexe de l'égo → difficultés → dépression → démence → schizophrénie → chimère → cercle vicieux débouchant sur la fin pure et simple de l'être ou sortie du processus grâce à un élément extérieur.

2 commentaires:

  1. les chimères (fusion de deux jumeaux, donc création d'un individu avec deux génomes différents) pourrait il être responsable de maladies mentales comme la schizophrénie, je cherches des références là dessus mais ne trouves rien

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  2. Je répond un peu tard désolé. Je n'en sais, honnêtement, rien du tout. Bon déjà je peux dire que c'est totalement différent du sujet que je traite dans cette article, mis à part le côté schizophrénie/hallucination qui entre en compte.
    Un individu à génome unique peut être atteint de schizophrénie, il entendra des voix et aura des délires paranoïaques, je grossis le trait volontairement pour faire court étant donné que cette pathologie est extrêmement complexe et souffre d'abus de langage courant lié au dédoublement de la personnalité.
    Donc après avoir précisé cela je ne pense pas qu'il y est plus ou moins de chance qu'un individu composé de deux génomes (première fois que j’entends parler de ça, désolé si j'ai mal compris)en soit atteint. Le passage à l'âge adulte est certainement plus dur qu'un individu "normal" du au caractère étrange de la pathologie, mais c'est bien là la seule cause supplémentaire que je vois.

    En espérant avoir été clair, même si je me doute que ça n'est pas tout à fait le cas :p

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